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Vous avez peut-être visité la Cathédrale de Lausanne pendant la journée. Mais y êtes-vous allé de nuit ?
Entre 22h et 2h du matin, Renato Häusler crie les heures aux habitants, depuis la Tour du Beffroi. En tant que Guet de la Cathédrale de Lausanne, son rôle n’est plus de surveiller la ville, mais bien de perpétuer une tradition vieille de plus de 600 ans. En plus, depuis la tour, la vue sur Lausanne endormie est à couper le souffle ! Ça vaut le coup de veiller un peu…
Parce que ce métier nous intrigue sûrement autant que vous, nous avons rencontré Renato Häusler qui nous en a appris un peu plus sur son quotidien hors du commun :
Comment devient-on guet de la cathédrale de Lausanne ?
Renato Häusler : Lors d’une visite au sommet de la tour du beffroi de la cathédrale avec des élèves, j’ai ressenti une sensation extraordinaire. Mais ce n’est que plus tard, en octobre 1987, que j’ai appris que la Ville recherchait un remplaçant au guet titulaire. À cette époque, il s’agissait de Willy Annen. Mon engagement a été un vrai coup du destin.
Vous êtes guet titulaire depuis 2002. Comment le vivez-vous ?
J’avais acquis des connaissances sur la cathédrale et sur le travail du guet, mais occuper la fonction m’a fait entrer dans une autre dimension. J’apprécie particulièrement cette sensation d’œuvrer dans la continuité d’une tradition pluriséculaire, et ce, dans un cadre historique. Je suis comme le dernier maillon d’une longue chaîne de 615 ans. De plus, je trouve intéressant d’avoir un métier totalement en décalage avec notre époque, où chaque personne doit fournir une masse de travail le plus vite possible. Au sommet du beffroi, je suis dans une bulle qui est restée suspendue dans le temps. Comme je suis de nature passéiste, cette ambiance et ces sensations me conviennent parfaitement.
Que faites-vous entre les rondes ?
Je m’adonne essentiellement à mon autre activité : l’illumination à la bougie. Dans le cadre de Kalalumen, je confectionne des bocaux remplis de cire liquide. J’effectue alors des essais dans la cathédrale, je prépare le matériel, etc. Comme j’ai tout de même accès à Internet, j’apprécie d’écouter de la musique classique ou des émissions historiques ou en lien avec l’origine du monde. Mais par-dessus tout, j’aime être dans le silence. Cette petite loge au sommet du beffroi favorise l’introspection. Le calme qu’elle offre est un véritable bol d’oxygène pour l’esprit.
Avez-vous quelques anecdotes à partager ?
Mes histoires préférées concernent la nature. Souvent, une petite chauve-souris vient à ma rencontre. Parfois, je retrouve des martinets transis de froid dans les escaliers. Autres événements marquants : deux orages spectaculaires en 2003 et en 2018. Voir les éléments se déchaîner, les éclairs zébrer le ciel et sentir la cathédrale être battue par les rafales de vent est une expérience extraordinaire.
Quel est votre moment préféré lors des rondes ?
J’apprécie les moments de solitude dans la cathédrale, notamment lorsque je m’endors sur la petite couchette de la loge. Mais je pense que mon moment préféré est la montée des 153 marches. Lorsque j’arrive tout en haut de l’escalier, je m’arrête un instant pour admirer la vue qui s’offre à moi. À ce moment-là, je me dis à chaque fois que j’ai une chance incroyable d’être là.