Les plus belles salles de spectacle de Lausanne

Dominik, l'archi-photo-fan
Dominik l'archi-photo-fan
Mars 1, 2022

À Lausanne, on compte pas moins de 35 salles de spectacles ! Chaque année, de super représentations y ont lieu, pour mon plus grand plaisir. Mais une fois le spectacle terminé, ces salles n’en restent pas moins intéressantes. Leur beauté n’a pas échappé à mon œil d’archi-photo-fan : je suis parti explorer ces salles mythiques à l’architecture impressionnante, qui nous cachent parfois quelques secrets. Saviez-vous qu’une salle de spectacle se trouve dans le premier gratte-ciel de Suisse ? Et que Lausanne possède la plus grande salle de cinéma du pays ? Je vous emmène avec moi à la découverte de ces lieux emblématiques !

Les origines du bâtiment de l’Opéra de Lausanne se trouvent dans le Casino-théâtre construit à partir de 1869 selon les plans de Jules-Louis Verry. La salle d’environ 800 places est inaugurée le 10 mai 1871 avec une représentation du Barbier de Séville de Rossini. Dès le début du 20ème siècle, on commence à planifier la démolition de la salle devenue trop petite ayant des places peu confortables et trop serrées pour la remplacer par une nouvelle construction. Les architectes De Rahm et Peloux gagnent le concours lancé en 1912 avec une façade ressemblant au Palais Garnier de Paris. Le projet est toutefois abandonné avec le début de la 1ère guerre mondiale. C’est finalement en 1931 selon les plans de Charles Thévenaz que le Casino-théâtre est rénové et agrandi. La capacité de la salle passe à 1101 places, les décorations abandonnent les velours rouges et les dorures et passent au style Art Déco dans les tons de rose; même le nom change pour « Théâtre municipal”. De 1959 à 1969, Charles Apothéloz, avant de prendre la direction du Théâtre de Vidy, en est le co-directeur.  Le prochain changement de nom, créant l’Opéra de Lausanne, a lieu en 1995 lorsque Dominique Meyer accède à la direction. L’actuelle cage de scène d’une hauteur de 18m et sa façade en miroir sont le résultat des dernières rénovations effectuées entre 2007 et 2012 d’après les plans de Devanthéry & Lamunière. La salle, maintenant avec 962 places, accueille chaque année environ 45000 spectateurs.

À quelques pas de l’Opéra de Lausanne, le cinéma Le Capitole a aussi été conçu par l’architecte lausannois Charles Thévenaz. Pour s’adapter à la pente de l’avenue du Théâtre, Le Capitole n’est pas construit en hauteur mais plutôt en largeur et possède donc une façade beaucoup moins haute que ce qu’on s’attend d’une salle de cinéma classique. Le plus ancien cinéma de Lausanne ouvre ses portes le 29 décembre 1928 et compte alors 1077 places, 802 au parterre et 275 sur la galerie. Jusqu’en 1942, la salle comporte un orgue de cinéma et une fosse d’orchestre et accueille des concerts, spectacles et conférences. Jean-Paul Sartre s’est produit entre autres au Capitole. Dans les années 1950, le premier écran panoramique de Suisse y est installé. La salle compte aujourd’hui 876 places, ce qui en fait le plus grand cinéma de Suisse. En 2010, le bâtiment a été racheté par la ville de Lausanne et est utilisé par la Cinémathèque Suisse.

La Salle Métropole est située à l’intérieur de la Tour Bel-Air, premier gratte-ciel de Suisse, construit par Alphonse Laverrière et achevée en 1932. Le bâtiment et sa tour de 15 étages sont prévus dès la conception pour recevoir des bureaux, des logements (équipés des technologies les plus modernes de l’époque comme électricité, réfrigérateurs, douches et téléphone), un restaurant et la salle de spectacle. Alphonse Laverrière a également conçu plusieurs éléments décoratifs de la salle de spectacle comme les poignées de porte en laiton ainsi que le monumental lustre sur plusieurs étages qui s’y trouve toujours aujourd’hui. Joséphine Baker et Louis Armstrong se sont produits dans les années 30 dans la Salle Métropole qui a servi de salle de cinéma entre les années 1950 et 1988. Elle a été ouverte à nouveau en 1992 en tant que salle de spectacle et est maintenant la résidence de l’Orchestre de Chambre de Lausanne. Sa salle accueille d’ailleurs des spectacles variés allant des concerts à l’humour en passant par des pièces de théâtre, de la danse et du chant. Plusieurs rénovations ont eu lieu depuis et la salle Métropole peut désormais accueillir entre 500 et 2000 personnes.

Le bâtiment occupé maintenant par l’Arsenic a été conçu en 1955 par les architectes Brugger, Perrelet, Stalé et Quillet pour abriter les ateliers mécaniques de l’Ecole Professionnelle des Métiers de l’Industrie et de l’Artisanat (EPSIC). Le théâtre de l’Arsenic, qui se spécialise dans la création scénique contemporaine, s’y installe en 1989, en partage avec l’Ecole romande d’arts et communication et le Centre de formation vaudois de l’industrie qui utilisent les niveaux supérieurs des ailes du bâtiment. À cette époque, seulement le Théâtre municipal et le Théâtre de Vidy existaient à Lausanne et l’Arsenic offrait donc une place aux artistes de la scène régionale qui devraient évoluer à l’extérieur de ces deux institutions. Le bâtiment a été entièrement rénové, notamment en surélevant la toiture et en mettant l’isolation à jour, entre 2011 et 2013 par Pont12 architectes. Après ces rénovations, et sans colocataires, l’Arsenic compte maintenant sept salles, ainsi qu’un grand café et une cuisine. Un voile d’une tôle d’aluminium perforée et ondulée habille le bâtiment sur tout son périmètre.

Tel que son nom l’indique, le Théâtre de Vidy est situé à quelques pas de la plage de Vidy. Situé dans un parc boisé, l’endroit offre une superbe vue sur le Léman et les Alpes. Conçu par l’architecte zurichois Max Bill pour le pavillon “Éduquer et créer” de l’Exposition nationale suisse de 1964, et en utilisant des méthodes de construction nouvelles avec des structures métalliques, le Théâtre de Vidy devait être démantelé à la fin des six mois d’exposition. Heureusement, Charles Apothéloz, alors co-directeur du Théâtre municipal, réussit à convaincre la Ville de Lausanne de racheter le bâtiment, afin de l’utiliser comme extension du Théâtre municipal en tant que salle de recherche et de répétition. Charles Apothéloz monte d’ailleurs en 1967 La Muraille de Chine de Max Frisch et la fait voyager jusqu’à l’exposition universelle de Montréal, où elle représente la Suisse avec la première nord-américaine de la pièce. La salle devient indépendante en 1972 sous le nom de Théâtre de Vidy et est à l’usage du Centre Dramatique Romand. Au fil des années, le nombre de salles sur place augmente à trois salles permanentes et un chapiteau. Inaugurée en 2017, une nouvelle salle de spectacle, ‘’le Pavillon en bois”, conçue par le laboratoire IBOIS de l’EPFL sous la direction d’Yves Weinand remplace le chapiteau. Sa structure par plis a été calculée pour obtenir une répartition uniforme des forces entre les différents panneaux de bois. Ses murs et les onze arches du toit ont été assemblés sans aucun élément métallique.

 

Riches du dynamisme de la ville, les salles de spectacle lausannoises ne cessent de se renouveler, mariant leur histoire à leurs nouvelles créations. A vous de les découvrir !

Lieux mentionnés dans l’article
Découvrez les Lausanners