Rencontre avec Alexandre Schmid, le Guet de la Cathédrale

Vincent, le cyclo flash
Vincent le cyclo flash
Novembre 8, 2024

Dans une époque où les métiers traditionnels se font rares, Alexandre Schmid veille sur Lausanne, entouré d’une équipe de sept guets remplaçants – dont une femme. Ensemble, ils incarnent l’une des dernières sentinelles nocturnes d’Europe, laissant leurs silhouettes flotter au-dessus de la ville, fidèles à leur poste de 22h à 2h, 365 nuits par an.
En fonction depuis le 1er janvier 2024, Alexandre est bien plus qu’un simple gardien de tradition : c’est un amoureux de la ville, un historien passionné et un adepte de la tranquillité… Mais qui est ce guet mystérieux qui observe, du haut de la cathédrale, les toits de Lausanne ?

Un parcours entre histoire et hasard

Lorsqu’on demande à Alexandre ce qui l’a conduit à devenir le guet principal, sa réponse est surprenante : il n’a jamais été guet remplaçant ! C’est un peu par hasard qu’il tombe sur une annonce, un peu par passion qu’il y répond, et beaucoup par curiosité qu’il rencontre son prédécesseur, Renato Häusler. « Il n’y a pas de don particulier pour ce métier, plaisante-t-il. Juste un amour profond pour Lausanne. »

À 32 ans, Alexandre a grandi entre Lausanne et Yverdon, un pied dans la campagne et l’autre dans les pavés urbains. Son bachelor en Histoire en poche, il décide de s’installer définitivement à Lausanne. Mais ce n’est qu’après un séjour en Allemagne qu’il comprend combien la ville lui est chère. « Je suis revenu en me disant que Lausanne, c’est vraiment ma place. C’est un terrain de découvertes infinies où, chaque jour, je découvre de nouvelles rues ou des chemins, et je suis tombé amoureux de la ville un peu plus chaque jour, » confie-t-il.

La ronde nocturne : un rituel ancestral 

Cinq nuits par semaine, Alexandre grimpe les 153 marches de la cathédrale pour atteindre le beffroi. De là, Lausanne s’étend à perte de vue, plongeant les visiteurs dans un panorama époustouflant. À chaque heure entre 22h et 2h, il s’assure que tout est en ordre et lance son cri traditionnel : « C’est le guet, il a sonné dix ! ». Une tâche qu’il a perfectionnée lors d’un entraînement pour le moins particulier, sous la houlette de Renato Häusler. « La criée, ça demande une certaine maîtrise, mais on s’habitue », dit-il avec un sourire mystérieux. 

Lorsqu’on lui demande s’il tient un registre de ses rondes, il sourit. « Pas de registre ni de rapports, juste une ponctualité infaillible ! J’ai aussi une petite part d’organisation : je gère les plannings de mes sept remplaçants, » explique-t-il. Il est bon de noter que même le métier le plus magique de Lausanne requiert une part administrative. 

Mystères et anecdotes nocturnes 

La nuit, le beffroi devient le théâtre d’événements parfois cocasses. Alexandre partage, amusé et un brin inquiet « Des personnes tentent parfois de monter en haut de la cathédrale par l’échafaudage ! », c’est dangereux, rappelle-t-il ! Pour rencontrer le guet, il suffit de réserver sa visite, c’est plus sûr. D’ailleurs, en été, les soirées sont souvent bien occupées avec des lausannois qui veulent montrer la ville à des amis de passage. 

Gardien de secrets et observateur de l’histoire 

Au-delà de son rôle de guet, Alexandre se voit comme un ambassadeur de l’histoire lausannoise. Son regard curieux l’a conduit à découvrir toute l’histoire du guet, un univers qu’il ignorait totalement avant de décrocher le poste. « La tradition du guet fascine beaucoup de gens, même mes amis ! Je ne pensais pas que ma prise de fonction susciterait autant d’enthousiasme », dit-il. 

La jeunesse, de son côté, semble redécouvrir cette figure étrange et attachante qui se tient, seule, à scruter les rues endormies. Pour Alexandre, préserver ce mystère est crucial : « Le guet, c’est une présence silencieuse, une figure un peu hors du temps. Je pense qu’il ne faut rien changer. » 

Un rêve de solstice 

Parmi ses moments préférés de l’année, Alexandre cite sans hésiter les nuits proches du 21 juin, lorsque le soleil met un peu plus de temps à se coucher et laisse planer une lumière dorée sur la ville. « Depuis l’étage supérieur du beffroi, la vue plongeante sur la ville et le Léman est magique, » explique-t-il avec des étoiles dans les yeux. 

Alors, Lausanne peut se reposer paisiblement sous l’œil bienveillant de son guet. En haut de la cathédrale, Alexandre Schmid veille, amoureux de sa ville, perpétuant avec humour et passion un métier aussi unique que précieux. 

Informations pratiques pour rendre visite au guet 

Pour les curieux, il est possible de visiter le beffroi et de rencontrer Alexandre ou l’un des guets remplaçants ! L’accès est ouvert au public sur réservation, chaque soir dès 22h. Les visites sont particulièrement prisées en été et durant les vacances de Noël, alors pensez à réserver en avance pour ne pas manquer cette expérience unique au sommet de Lausanne. 

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